WhatsApp face aux utilisateurs : pourquoi la guerre est déclarée ?

Maurice THANTAN
4 min readFeb 22, 2021

⚠️ : Cette chronique a été initialement publiée, en version originale, sur le site web de l’ORTB.

Photo by Rachit Tank on Unsplash

Depuis une semaine, l’application de messagerie instantanée WhatsApp est sous le feu des projecteurs. Propriété de Facebook, l’application la plus populaire dans sa catégorie essuie les critiques et perd de nombreux utilisateurs. La raison ? L’annonce de nouvelles conditions d’utilisation qui impacte les données à caractère personnel de ses utilisateurs.

- Alors, concrètement, qu’est-ce qui se passe sur WhatsApp ?

Si vous êtes utilisateurs de WhatsApp, vous avez sans doute reçu depuis le jeudi 7 janvier dernier une notification de l’application de messagerie instantanée vous demandant d’accepter ses nouvelles conditions d’utilisation et sa politique de confidentialité.

Ce dont il s’agit est qu’à partir du 8 février 2021, les utilisateurs de WhatsApp seront contraints de partager une partie de leurs données privées avec Facebook, s’ils veulent continuer à utiliser l’application. Jusqu’à maintenant, les conditions d’utilisation laissaient le choix sur les données qu’ils souhaitaient communiquer au géant américain.

Dans ces explications, Facebook qui est la maison mère de WhatsApp indique donc que le numéro de téléphone de l’utilisateur, les données de transaction, celles de localisation ainsi que l’adresse IP seront désormais exploitées à des fins commerciales.

D’autres données plus floues comme des « informations liées à des services » ou des « informations » sur leurs appareils mobiles seront également partagées avec Facebook. Toujours à des fins commerciales.

Une précision importante cependant, ce changement de politique de confidentialité n’affecte pas tout le monde de la même façon. Les utilisateurs de l’Union européenne et du Royaume uni par exemple, grâce au RGPD, ne seront pas soumis à ces nouvelles règles.

- Cela dit, qu’est-ce qui va changer pour les utilisateurs de WhatsApp à la date d’entrée en vigueur de cette nouvelle politique ?

Pour les utilisateurs, il n’y aura aucun changement apparent sur la façon dont nous utilisons WhatsApp au quotidien. Ce n’est pas une mise à jour qui va affecter directement l’expérience utilisateur. Tout ce qui va changer va se passer dans le cœur de l’application.

Par exemple, jusqu’à présent, l’utilisateur pouvait volontairement partager ses données personnelles, comme son numéro de téléphone ou son nom complet ou encore sa situation géographique. Cela va désormais être une obligation.

Toutes ces informations collectées sont destinées aux intérêts commerciaux de Facebook. Et c’est ce qui inquiète de nombreux utilisateurs et experts en sécurité numérique. Car malheureusement, Facebook n’a pas une bonne réputation en la matière. Et surtout, de nombreux utilisateurs commencent à prendre conscience de l’importance de contrôler la façon dont leurs données personnelles sont exploitées par les services Internet.

Malheureusement, si vous n’acceptez pas ces nouvelles conditions de WhatsApp, vous ne serez plus en mesure d’utiliser l’application à partir du 8 février prochain. Certains utilisateurs n’ont pas attendu cette date. Ils ont anticipé et quitté l’application en grand nombre. Il y a eu tellement de départ les jours qui ont suivi l’annonce de cette nouvelle que WhatsApp a dû monter au créneau pour clarifier les choses sans trop convaincre.

- Mais où vont ceux qui quittent WhatsApp ? Quelles sont donc les alternatives crédibles disponibles face à cette application ?

Il existe de nombreuses applications de messagerie instantanée qui sont des solutions alternatives à WhatsApp pour toutes les personnes qui sont préoccupées par la confidentialité de leurs données à caractère personnel.

Deux applications arrivent notamment en tête :

  • D’abord, il y a l’application Signal

Signal est une application développée par une organisation à but non lucratif américaine. Elle est sans doute la meilleure alternative à WhatsApp. D’abord parce que Signal fonctionne sur les mêmes bases que WhatsApp. Vous ne serez donc pas perdus dans son interface.

Les développeurs de cette application ont en prime ajouté des fonctionnalités permettant de renforcer la confidentialité. Vous pouvez par exemple choisir de faire disparaître les messages après un certain temps.

Surtout, Signal est réputée pour son niveau très élevé de protection des données privées. À tel point qu’Edward Snowden et Elon Musk recommandent fortement d’utiliser ce service.

  • Ensuite, il y a l’application Telegram

À l’instar de Signal, Telegram est une alternative à WhatsApp et Messenger bien plus sécurisée. Les données y sont chiffrées de bout en bout et l’application utilise un protocole MT-Proto bien plus sûr.

À l’usage, Telegram se présente comme n’importe quel autre service de messagerie avec les appels vocaux et depuis quelques mois les appels vidéos. D’autres fonctionnalités la rendent plus intéressante que les applis concurrentes. On pense par exemple à la possibilité d’échanger des fichiers volumineux (jusqu’à 1,5 Go), d’avoir des discussions secrètes ou de créer des super groupes allant jusqu’à 100 000 personnes. Il est même possible de s’amuser avec des mini-jeux.

Deux autres alternatives moins connues à présent :

  • Il y a Wire

Wire est une application germano-suisse créée par Janus Friis, co-créateur de Skype. Cette application figure parmi les plus recommandées par les experts en sécurité. Wire est une application minimaliste, claire et simple d’utilisation proposant les mêmes fonctionnalités que Signal (messages, appels vocaux et vidéos, envoi de fichiers etc.).

  • Enfin, dernière alternative, il y a Threema

Encore moins connue que Wire, Threema figure pourtant parmi les meilleures alternatives à WhatsApp. Ce service développé par une société suisse inclut tout le package traditionnel : messagerie, appels, visio, envoi de fichiers, le tout chiffré de bout en bout.

C’est une application Open-source depuis septembre 2020, l’application limite au maximum les données transitant par les serveurs. Pour renforcer encore la protection de vos données, Threema ne demande aucun identifiant, numéro de téléphone ou autre information personnelle. Seul bémol, Threema est une application payante (3,99 euros), ce qui limite son intérêt face aux autres alternatives gratuites. Mais comme dit un adage bien connu sur Internet, lorsque c’est gratuit, c’est vous le produit.

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Maurice THANTAN

Journalist - Digital content officer @ortb_info| Project manager @Africtivistes | Interests : #OpenData - #OpenGov - #CivicTech