Qu’est-ce que ça coûte d’avoir le buzz sur les réseaux sociaux ?

Maurice THANTAN
4 min readFeb 23, 2021

⚠️ : Cette chronique a été initialement publiée, en version originale, sur le site web de l’ORTB.

Pour des milliers d’entreprises mais aussi d’individus, avoir le buzz sur la toile est devenu essentiel pour faire fonctionner les affaires. Cela paraît logique puisque plus on parle de vous, plus vous êtes connu et plus vous pouvez “vous vendre” et faire du chiffre. Pour cela, il faut faire preuve de méthode et de stratégie. Mais qu’est-ce que cela coûte sur le plan pratique, financier voire même émotionnel ?

- Avant de rentrer dans le détail, dites-nous Maurice Thantan, c’est quoi le buzz ?

A l’origine, le buzz désigne un phénomène ou une technique de communication qui consiste à faire parler d’un produit ou d’un service avant même son lancement en entretenant un bouche à oreille savamment orchestré et des actions ciblées auprès des leaders d’opinions comme des journalistes, blogueurs, influenceurs.

Le terme a ensuite connu un glissement sémantique et est désormais utilisé comme un synonyme d’un phénomène viral ou d’une rumeur, ou comme un synonyme du marketing viral. Il n’est plus donc réservé à la période précédant le lancement d’un produit ou service nouveau.

Bien qu’il peut-être voulu, le buzz peut avoir une origine spontanée totalement involontaire. C’est vrai aussi que quand on parle de buzz, on a souvent tendance à visualiser l’aspect péjoratif ou négatif de la chose. Ce qu’on appelle le bad buzz.

Mais un jour, un spécialiste m’a dit qu’il n’y a pas de bad buzz, le buzz c’est le buzz. Tant qu’on parle de vous, c’est toujours bon pour le business. Mais là encore, il faut être en mesure de l’assumer.

- Cela dit, qu’est-ce que cela peut coûter à une entreprise de faire parler d’elle ?

Avoir un buzz voulu sur la toile exige de la méthode, de la stratégie, un peu d’argent et surtout de l’audace. Il ne suffit pas de poster régulièrement sur vos pages pour vous faire connaître, il faut surtout faire preuve de créativité que ce soit dans la création vidéo ou dans la production d’un autre type de contenus.

Un contenu ordinaire aura retiendra moins l’attention qu’une vidéo décalée. Même si l’idée est originale et unique, il y a aussi la qualité de la finition qui importe dans la stratégie de buzz. C’est justement pour cela qu’un investissement est nécessaire pour créer des contenus à même de marquer les esprits. Que ce soit au sein des équipes internes ou de la part des prestataires externes, de réelles compétences qualifiées sont nécessaires pour être à la hauteur du challenge.

Certaines marques n’hésitent pas à faire de lourds investissements sur des campagnes marketing qui font le tour du web. En cela, la parodie est une recette qui marche très bien. Elle est même devenue le principe de certaines entreprises.

- Est-ce que le même principe fonctionne pour les individus ?

A quelques différences près, le même principe fonctionne pour les individus. Sur les réseaux sociaux, les personnes qui font le plus de buzz aujourd’hui, ce sont ceux qu’on appelle les influenceurs.

Eux aussi doivent faire preuve de créativité, investir leur temps et leur argent pour créer une communauté qui parle d’eux sur les réseaux sociaux. Il faut donc avoir la compétence et l’expertise irréprochables par rapport aux sujets dont on parle mais cela ne suffit pas.

Pour les individus, l’exigence d’audace est encore plus importante car le public est toujours à la recherche de nouvelles croustillantes.

- Quel peut-être alors le revers de cette course, disons effreinée, au buzz

La recherche du buzz peut avoir des conséquences négatives à la fois sur les entreprises et les individus. Partant du principe qu’il n’y a pas de bad buzz, certaines marques font volontairement peuvent d’une certaine légèreté dans le jugement, laissant place à la polémique.

En 2018, une grande marque de vêtement s’est ainsi attiré les foudres de nombreux internautes en faisant poser un petit garçon noir vêtu d’un sweat-shirt sur lequel on pouvait lire en anglais : «Le singe le plus cool de la jungle».

Jugé raciste, la photo a été très vite retirée de la boutique en ligne de la marque, mais de nombreux observateurs ont estimé qu’il s’agissait d’une provocation volontaire de la marque. La conséquence de ce type de buzz gratuit est qu’il peut contribuer à détériorer l’image de la marque sur la durée.

Par ailleurs, la recherche du buzz peut conduire les individus dans certains vices et avoir des conséquences sur la santé mentale comme la solitude et l’isolement. Une étude scientifique a d’ailleurs indiqué que les personnes qui postent beaucoup de contenus, notamment les selfies sur les réseaux sociaux seraient moins sympathiques et plus anxieuses.

Certains n’hésitent pas à mentir ou à exagérer volontairement leur propos pour créer de l’engagement. En 2019, une influence vegan a ainsi été surprise en train de manger de la viande.

--

--

Maurice THANTAN

Journalist - Digital content officer @ortb_info| Project manager @Africtivistes | Interests : #OpenData - #OpenGov - #CivicTech