Où s’arrête la liberté d’expression sur les réseaux sociaux ?
⚠️ : Cette chronique a été initialement publiée, en version originale, sur le site web de l’ORTB.

Contrairement à une idée largement répandue, Internet n’est pas un espace de non droit. Les réseaux sociaux ont sans doute permis à chaque individu d’avoir une voix qui porte plus haut. Mais tout en garantissant la liberté d’expression, les réseaux sociaux doivent aussi prévenir les déviances.
- Quelles sont les limites fixées par les médias sociaux à la liberté d’expression sur leurs plate-formes ?
Avant de répondre à votre question, revenons déjà un peu sur la notion de liberté d’expression. C’est la déclaration universelle des droits de l’homme en son article 19 qui nous en donne la définition la plus originale :
“Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.”
Alors, sur les réseaux sociaux, la liberté d’expression est régulièrement mise en avant, alors que certains propos peuvent tomber sous le coup de la loi. Compte tenu des législations nationales et en fonction de leurs propres standards, chaque réseau social organise les limites aux médias sociaux
Facebook par exemple, veille à respecter la liberté d’expression de chacun en reflétant la diversité de ses utilisateurs, cependant, certains contenus peuvent être signalés et supprimés : comme les contenus violents et menaçant, l’intimidation ou le harcèlement, les discours incitant à la haine, la nudité. Twitter, quant à lui, explique que l’exhaustivité des contenus publiés ne permet pas de pouvoir tout contrôler et qu’il ne peut donc être tenu responsable d’un contenu offensant, inexact, inapproprié publié aux yeux de tous.
Cependant, certains contenus sont considérés comme des infractions au règlement : notamment l’usurpation de l’identité d’une personne ou d’une marque, l’utilisation non autorisée d’une marque déposée, les comportements abusifs et menaces violentes, la vente ou la promotion de produits contrefaits ou encore l’exploitation sexuelle d’enfants.
- Qu’est-ce qu’on risque en diffusant toutes ces choses proscrites mais de manière anonyme ?
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, l’anonymat n’existe pas sur Internet. Un pseudonyme ne rend pas une personne anonyme. Donc, si vous vous cachez derrière un pseudonyme pour traverser les frontières de la liberté d’expression, sachez que vous pouvez être identifié par l’intermédiaire d’une enquête de police, notamment grâce à votre adresse IP (le numéro unique identifiant votre terminal de connexion à Internet) ou sur une demande à votre FAI (Fournisseur d’accès à internet).
- Mais pourquoi Internet facilite les comportements antisociaux ?
C’est la question qu’on se pose lorsqu’on observe l’attitude de certains utilisateurs sur les réseaux sociaux. Les possibilités que nous offrent les médias sociaux en termes de liberté de façon générale poussent certains utilisateurs à agir sur Internet tel qu’ils ne l’auraient pas fait dans la réalité.
Selon le psychologue John Suler, il existe plusieurs facteurs pouvant conduire à la désinhibition ligne : l’anonymat d’un pseudonyme (plus ou moins réel), l’invisibilité aux autres, le laps de temps entre l’envoi du message et la réception du feedback, le fait d’être seul devant son clavier, l’absence de figure d’autorité en ligne.
Les psychologues estiment que les signaux physiques que nous envoyons lors d’une conversation en face à face (ton de la voix, expressions faciales, …) permettent un ajustement social. Sans ces indications, la communication en ligne est source de mauvaises interprétations et facilite les débordements.