Comment peut-on rendre l’Internet plus sûr pour tout le monde ?

Maurice THANTAN
4 min readFeb 26, 2021

⚠️ : Cette chronique a été initialement publiée, en version originale, sur le site web de l’ORTB.

Photo : DR

Internet est sans doute l’une des plus formidables inventions de ces dernières années. Mais ce vaste réseau informatique mondial auquel tout le monde peut accéder peut devenir un danger pour tout profane.

A ce propos, la deuxième semaine de février est consacrée à ce qu’on appelle le Safer Internet Day ou Journée pour un Internet plus sûr. C’est donc logiquement que dans votre chronique de ce jour, vous vous demandez comment rendre l’Internet plus sûr pour tout le monde, notamment pour les plus jeunes. Mais plus généralement…

- …quelles sont les catégories de personnes les plus vulnérables et quels risques courent-ils souvent ?

Sur Internet, nous sommes tous exposés à des risques. Mais certains le sont plus que d’autres. En plus, sur la toile, les dangers peuvent être perçus différemment. Autrement dit, ce qui peut représenter un faible risque pour moi peut être plus dangereux pour vous en fonction de notre niveau de préparation.

Cela dit, j’ai essayé, dans un premier de classer les personnes les plus vulnérables en trois catégories :

  • D’abord, il y a les enfants et les adolescents. Ce sont les personnes les moins préparées et donc les plus exposées aux dangers de l’Internet. De façon générale, les enfants et les plus jeunes ne sont pas conscients des dangers qu’ils courent dans la vraie vie. A plus forte raison, sur Internet. Entre la compréhension de certains termes et l’exposition aux contenus non autorisés, les enfants et les adolescents constituent une importante partie des personnes exposées sur le web. On ne s’en rend pas souvent compte, mais le temps passé sur Internet doit être contrôlé, car les enfants peuvent développer plus rapidement une dépendance à ces outils. Les jeux dangereux et hyper addictifs et les contenus violents ou pornographiques sont autant de dangers qui guettent ce types de personnes. Internet est un vrai terrain de chasse pour les prédateurs sexuels et on observe bien que le cyberharcèlement est en augmentation.
  • Il y a les analphabètes du numérique. La fracture numérique, particulièrement importante dans des pays comme le nôtre, fait que de nombreuses personnes (jeunes comme adultes) ont très peu de contacts avec le numérique. Parfois, ils n’ont aucun contact ou ils le découvrent très tardivement par la force des choses, comme le processus de dématérialisation en cours dans notre pays qui impose qu’un certain nombre de processus se passent désormais en ligne. Ces personnes que je qualifie d’analphabètes font également partie des catégories vulnérables, car elles comprennent très peu les mécanismes et les standards du réseau. Elles vont facilement tomber dans certains pièges comme le hameçonnage, le vol de données ou l’extorsion
  • Les curieux et accros du net. On dit parfois que la curiosité est un vilain défaut. Et c’est la raison pour laquelle les accros et personnes trop curieuses constituent également des cibles sur Internet. Les passionnés vont développer des addictions alors que les curieux peuvent prendre des risques non mesurés, portés par leur soif de savoir.

- Cela dit, comment rendre Internet meilleur pour tout le monde, particulièrement pour les enfants et les jeunes ?

Aujourd’hui, on s’adresse vraiment aux plus jeunes, les enfants et les adolescents. Et il faut dire que les conseils qu’on peut donner peuvent varier d’un niveau à un autre. Mais il y a trois aspects sur lesquels je voudrais mettre l’accent si on veut faire de l’Internet un meilleur endroit pour tout le monde, particulièrement les plus jeunes.

  • Le premier aspect concerne la gestion de l’hyperconnexion. La gestion du temps qu’on passe en ligne est d’une importance capitale. En famille, les parents peuvent appliquer cinq règles simples : définir à l’avance le temps d’écran, interdire le téléphone ou la tablette à table, matérialiser le temps, partager ses découvertes numériques et définir la règle selon laquelle les portables dorment au salon.
  • Le deuxième aspect important est la prévention du cyberharcèlement dont sont de plus en plus victimes les enfants et adolescents. Ici aussi, en enseignant certaines règles aux enfants, on peut réussir à diminuer le phénomène. Trois principes à retenir et à enseigner aux enfants : d’abord, sur les réseaux sociaux, on choisit ses amis, ensuite, sur Internet on se respecte, enfin, un mot de passe complexe et bien gardé.
  • Enfin, troisième et dernier aspect, l’initiation à la détection des Fake News. Ces derniers représentent aujourd’hui l’une des plus graves menaces qui circulent sur la toile. Et les Fake News ont plus d’impacts sur des populations plus vulnérables comme les enfants et les adolescents, ces derniers ayant tendance à croire tout ce qu’ils voient et lisent sur Internet.

A ce niveau, quatre conseils à donner aux parents et éducateurs qu’ils doivent enseigner aux plus jeunes.

  • Développer l’esprit critique des enfants et des adolescents. Toujours se poser les questions suivantes face à une nouvelle information : Qui parle ? Est-ce une information ou une opinion ?
  • Inculquer aux enfants qu’une image peut être fabriquée de A à Z. Aussi, sortie de son contexte, une image peut être recadrée, filtrée, arrangée… et ne plus véhiculer la même information
  • Avant de partager, il faut toujours vérifier l’info. C’est un principe qui est valable pour tout le monde en fait
  • Avant de croire, il faut chercher l’auteur de l’information. Se poser par exemple la question : En quoi est-il légitime pour parler de ce sujet ?

En définitive, la responsabilité de rendre Internet meilleur incombe à nous tous. C’est essentiellement en optimisant nos comportements sur le réseau et en accompagnant convenablement les premiers pas des enfants et des plus jeunes sur Internet qu’il sera plus sûr pour tout le monde.

Sachez que le contexte de la pandémie de Covid-19 a fait explosé les menaces sur Internet, qu’il s’agisse du cyberharcèlement en augmentation du fait que les enfants et les jeunes passent plus de temps en ligne à la circulation massive des fake news. L’enjeu est donc plus que jamais d’actualité.

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Maurice THANTAN

Journalist - Digital content officer @ortb_info| Project manager @Africtivistes | Interests : #OpenData - #OpenGov - #CivicTech